Introduction
Presque tous les jours, l’eau fait les gros titres quelque part dans le monde. Sécheresses, inondations et pollution sont en manchette à mesure que l’eau devient la ressource essentielle la plus précieuse et la plus âprement contestée.
Aujourd’hui, toutefois, ce qui fait la une, c’est que plus de 650 millions des plus pauvres du monde vivent sans accès à une source « améliorée » d’eau de boisson (voir l’encadré). Le prix à payer par ces communautés – en revenu gaspillé, en problèmes de santé et en productivité perdue – est extrêmement élevé et cela exerce un impact dévastateur à tous les niveaux, depuis la famille jusqu’à l’échelle nationale.
Il est souvent présumé que les plus pauvres du monde n’ont pas d’approvisionnements en eau formels parce qu’ils ne peuvent pas se permettre de payer leurs factures d’eau. En réalité, comme il ressort des témoignages de ce rapport, les plus pauvres paient déjà, et souvent bien plus que leurs concitoyens qui ont assez de chance ou d’argent pour avoir un point d’eau « officiel ».
Dans 16 pays, plus de 40 % de la population n’a même pas accès ne serait-ce qu’à une installation d’eau de base, telle qu’un puits protégé. Les personnes issues de communautés démunies et marginalisées n’ont pas d’autre choix que de puiser de l’eau sale dans des mares et des cours d’eau ou de consacrer une large part de leur revenu à l’achat d’eau auprès de marchands.
Cette eau constitue toujours un risque sanitaire ; dans bien des cas, elle peut se révéler mortelle. À l’échelle mondiale, les maladies diarrhéiques causées par l’eau insalubre et un mauvais assainissement constituent le deuxième tueur d’enfants au monde, derrière la pneumonie, et fauchent 315.000 jeunes vies chaque année.
De surcroît, les ressources en eau deviennent de plus en plus fragiles au fil de l’essor démographique, des changements d’affectation des sols et de la poursuite de la déforestation. Ces menaces seront exacerbées par les effets du changement climatique et auront un impact disproportionné sur les personnes pauvres qui sont sans approvisionnement en eau sûr et fiable.
Il nous est interdit d’ignorer cette réalité. L’accès à une eau abordable est un droit humain : « Le fait de payer pour des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement ne doit pas limiter la capacité d’accès de l’individu à d’autres biens et services de base. » La réalisation des objectifs de développement durable de portée mondiale sera impossible dans un monde où une personne sur dix est coincée dans un cycle de pauvreté et de maladie parce qu’elle n’a pas son propre accès à une eau salubre et abordable.
Dans L’eau : à quel prix ? nous brossons un instantané de l’accès à l’eau à travers le globe en 2016, en nous servant de témoignages issus de certains des pays les plus touchés au monde pour illustrer les problèmes auxquels ils sont confrontés.
Nous vivons une époque de progrès sans précédent en termes de propagation de l’accès à l’eau salubre – 2,6 milliards de gens en ont bénéficié depuis 1990 – mais beaucoup trop sont encore laissés de côté.
Alors que le monde commence à œuvrer à la réalisation des Objectifs de développement durable de portée mondiale, nous dénonçons le besoin et nous o rons des solutions pour donner un accès à l’eau salubre partout et pour tous.